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La Vire
Un cours d'eau
Une beauté à nos portes
Ce n'est pas du joli...joli
Quel gachis
L'aide des spécialistes
De l'espoir
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- Quel gâchis

Le brochet et ses espèces accompagnatrices ne devraient pas être le peuplement dominant en amont de la confluence avec l’Hain. Il y croit actuellement au prix d'aides coûteuses au soutien d'effectifs alors que la Vire Aval reste sous-exploitée pour le brochet par manque de frayères accessibles. Le maintien de barrages inexploités empêche également la colonisation naturelle, par l'aval, du carnassier; mais surtout il gâche un potentiel salmonicole précieux et largement aussi valorisable en terme de pêche sportive.

- Allo docteur, c’est grave ?

Les biefs ont modifié le peuplement piscicole naturel de la Vire. D’autres conséquences de la présence des retenues artificielles, et pas des moindres, sont de rendre l’écoulement de l’eau lent et de faire se déposer les sédiments transportés par le fleuve. On trouve ici la source des problèmes aujourd'hui visibles dans le fonctionnement de la rivière : proliférations brutales et massives d’algues planctoniques, réchauffement de l’eau et perturbation de la dynamique fluviale.

- De l’eau, il fait chaud

Dans les retenues de la Vire, l'écoulement lent associé à l'élargissement artificiel du lit mineur entraîne un ensoleillement estival intense, l'eau se réchauffe. Cette augmentation de la température peut nuire aux poissons de manière directe. Les salmonidés sont très sensibles à ce paramètre : les températures supérieures à 20°C leur sont inconfortables, et les valeurs au-dessus de 25°C sont létales. Pour le brochet, en milieu naturel, les températures peuvent commencer à être mortelles à partir de 29°C. (Voir figure ci-dessous)

Les facteurs limitants

La Direction Départementale de l’Equipement (DDE) de la Manche, Service Maritime et Aéroportuaire (SEMA), Cellule Qualité des eaux mesure la température sur la Vire. Du 10 au 15 août 2003, la température a varié entre 25 °C et 29,3 °C.

- Vite, du bouche à bouche

Le bloom algal, le développement excessif d’algues, sur la Vire, est dû à des espèces microscopiques et en suspension. Le phénomène résulte d'un dysfonctionnement dans la chaîne alimentaire du cours d’eau, qui en quelque sorte "s'emballe". L’échauffement estivale de l’eau permet alors le déclenchant d'un développement rapide de végétaux comme le phytoplancton et les algues (premier maillon de la chaîne alimentaire).

Sur le bassin versant, les activités humaines sont sources d'apports excessifs en nutriments (nitrates, phosphates, …) ; cet excès est responsable du caractère massif de la production de ces algues : elles se mettent à recouvrir la totalité de la surface du cours d’eau. Pour l’anecdote, c'est ce phénomène qui s’est produit le 24 septembre 2004 à Saint-Lô, quand les pompiers ont été appelés pour une pollution par "de la peinture verte"!

Ce bloom algal peut entraîner des mortalités de poissons. Cet effet est dû au fonctionnement des végétaux qui, le jour, rejettent de l’oxygène et consomment du gaz carbonique (c'est la réaction de photosynthèse) ; par contre la nuit ils rejettent uniquement du gaz carbonique et consomment l’oxygène dissous de l’eau : ils continuent de respirer. La masse d’algues vivantes peut alors faire baisser le taux d’oxygène dissout vers des valeurs proches de zéro. La mortalité des poissons peut se produire en fin de nuit. Pour éviter ces risques, la DDE, SEMA ouvre les écluses en amont de Saint-Lô ce qui permet l’évacuation des algues au moment de la chasse.

Néanmoins, les espèces piscicoles sont soumises à un stress physiologique qui accroît leur sensibilité aux maladies et aux parasitismes.

- Une cure d’amaigrissement pas très efficace

Les barrages perturbent également l’écoulement naturel des matériaux transportés de la Vire. Le charriage de ces matériaux dissipe une partie de l'énergie de la rivière, mais lorsqu'un barrage survient, ce mouvement s'interrompt. En aval, le cours d’eau possède une force supplémentaire qui va prélever des matériaux sur le fond ou sur les berges pour retrouver l’équilibre entre la force de l’eau et la quantité de sédiments transportés.

La Vire est une succession de barrages, les sédiments se retrouvent donc bloqués en permanence. Le fleuve doit solliciter ses berges sur ses portions courantes entre les biefs. La chenalisation réduit encore cette érosion, mais le phénomène est plus sensible sur les secteurs où le fleuve jouit d'un plus grand degré liberté. A Cavigny, au lieu-dit le Bahais, il trouve certainement une zone de prélèvement de matériaux, et des travaux de réduction d'un méandre sur ce site ont été réalisés pour protéger la route de sa divagation. Le déplacement du lit d'une rivière est une composante normale de son évolution, mais sur un système en équilibre, il est lent et le terrain conquis par une rive est rendu à l'autre, de sorte que la largeur change peu.